OPINIONS
17/03/2016
Yaman, un court-métrage dans l’imaginaire d’un enfant syrien  
Author: Agenda culturel

 

 

‘Yaman’ c’est le nouveau court-métrage saisissant des artistes syriens du collectif Maajooneh qui a pu être réalisé grâce notamment au soutien de l’ONG Bidayyat. Ce film est donc l’œuvre d’artistes exilés depuis quelques années, au Liban et en Turquie, qui racontent par leur art l’anéantissement progressif de toute forme d’innocence dans leur pays et pour le peuple syrien.

 

Après avoir réalisé un court-métrage intitulé ‘Fade To Black’, qui évoquait la transformation de la situation de la ville de Raqqa devenue capitale de la barbarie et de l’inhumanité, le film, sans paroles, montrait simplement l’évolution émotionnelle et vestimentaire d’une jeune femme, prise dans ce tourbillon, quasiment démentiel, engendré par les semeurs de terreur qui y ont pris le pouvoir. Après un focus sur la femme dans ‘Fade to Black’, les artistes de Maajooneh ont donc choisi d’aborder les implications du chaos syrien par le prisme de l’enfance. Ainsi, en quatre minutes, ils nous font plonger dans l’univers de ‘Yaman’, un petit garçon qui se rêve inventeur.

 

L’idée de ‘Yaman’ est née chez les membres de Maajooneh en pensant et en rencontrant quotidiennement au Liban et en Turquie de jeunes enfants dans les rues. Des enfants syriens que la guerre a coupé de toute normalité et forcé à vivre et travailler dans les rues. Maajooneh a donc voulu mettre en lumière ces petites vies, que l’on côtoie quotidiennement au Liban et en Turquie. ‘‘Yaman c’est un enfant parmi tant d’autres qui ont dû quitter leurs maisons et ont perdu leurs droits les plus élémentaires, dont celui à l’éducation’’ indiquent les membres du collectif. Leur idée fut alors de montrer ‘‘comment les rêves des enfants sont simples, mais comme la réalité imposée par les adultes les rendent si difficiles à concrétiser’’.

 

Les scénographes Ammar Khattab et Farah Presley sont tous les deux issus du milieu de l’illustration pour enfants, ainsi ils sont allés chercher dans cet univers pour mettre en scène l’histoire que le collectif a imaginée pour Yaman. ‘‘Nous travaillons avec des enfants et en avons tous été avant, donc nous pouvons imaginer à quoi ressemble leur univers’’, indiquent-ils. Les trois artistes syriens qui sont au cœur de ce projet, le réalisateur Amer al-Barzawi et les deux scénographes, ont fait le choix de partir du rêve et de l’imagination de l’enfant pour déboucher sur la réalité. Un choix poignant qui nous fait prendre la mesure de ces enfances volées.

 

Amer al-Barzawi, Ammar Khattab et Farah Presley sont tous trois originaires de Damas. Exilés d’abord au Liban pour certains, puis en Turquie, ils se rencontrent en 2015 et ainsi nait le collectif Maajooneh (‘‘pâte à modeler’’ en arabe), et leur premier court-métrage ‘Fade to Black’, réalisé avec les moyens du bord certes, mais au retentissement notable. Présenté dans de nombreux festivals internationaux, le court-métrage a également été relayé par beaucoup de médias internationaux et en particulier européens. Une exposition qui leur a permis d’obtenir des fonds pour leur projet ‘Yaman’ auprès de Bidayyat, une ONG syrienne qui soutient les arts audiovisuels.

Maajooneh a à présent soumis ‘Yaman’ à des festivals et espère pouvoir continuer des projets de ce type en trouvant des subventions.

 

Ces courts-métrages pensés et réalisés par Maajooneh sont poignants car ils sont simples et témoignent de l’élémentaire implication de la guerre, l’humanité volée pour ceux qui restent dans leur pays en guerre ou qui endurent l’exil, qu’ils soient enfants, femmes ou hommes… et qui portent à présent des histoires qu’il faut raconter

 

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